Différence entre GIR 3 et GIR 4 : comment les distinguer et les choisir ?

1,2 million de personnes âgées sont évaluées chaque année via la grille AGGIR, et pourtant, la frontière entre GIR 3 et GIR 4 continue d’alimenter les hésitations, les débats, parfois même les frustrations des familles comme des professionnels. Derrière ces chiffres, ce sont des parcours de vie qui se dessinent, suspendus à une évaluation parfois déterminante pour l’accès à l’APA ou l’entrée en EHPAD.

Comprendre la grille AGGIR : un outil clé pour évaluer la dépendance

La grille AGGIR s’est imposée comme le socle de l’évaluation de la perte d’autonomie en France. Mise en place dans les années 90, elle sert de boussole pour orienter les décisions d’accompagnement, que ce soit à domicile ou en établissement. Elle classe les personnes âgées selon six niveaux GIR, du plus dépendant (GIR 1) au plus autonome (GIR 6), en s’appuyant sur l’observation de la vie quotidienne.

L’outil s’articule autour de dix-sept variables, dont dix sont dites discriminantes : habillage, toilette, alimentation, déplacements, orientation… L’évaluation, menée par une équipe médico-sociale, médecin coordonnateur, infirmier, évaluateur spécialisé,, s’attache à déterminer dans quelle mesure la personne peut accomplir seule ces actes essentiels. En filigrane, il s’agit d’anticiper les besoins pour que l’accompagnement colle au plus près de la réalité.

Le passage d’un groupe iso-ressources (GIR) à l’autre se joue sur la fréquence, la nature et l’importance de l’aide requise. Concrètement, une personne en GIR 3 aura besoin d’aide active et régulière pour l’hygiène ou les transferts (passer du lit au fauteuil, par exemple), tandis qu’en GIR 4, l’autonomie de base reste préservée, mais une intervention ponctuelle s’avère nécessaire pour la toilette ou la préparation des repas.

Ce classement ne relève pas d’un formalisme obscur. Il permet d’ouvrir l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et d’orienter vers les solutions adaptées : passage d’aide à domicile, adaptation du logement, ou entrée en EHPAD. La grille AGGIR, loin d’être un simple outil administratif, façonne le parcours de soins et la qualité de vie des personnes âgées.

GIR 3 et GIR 4 : quelles différences concrètes au quotidien ?

Sur le terrain, la différence entre GIR 3 et GIR 4 se mesure chaque jour. Ces deux niveaux, souvent confondus, correspondent pourtant à des besoins bien distincts.

En GIR 3, la dépendance est marquée par une nécessité d’assistance répétée pour les soins corporels. Habillage, toilette, transferts : ces gestes demandent une aide humaine plusieurs fois par jour. La personne peut parfois marcher seule, mais les déplacements restent limités et risqués sans accompagnement. La sécurité impose une vigilance accrue, particulièrement aux heures clés du lever et du coucher.

Le GIR 4, lui, désigne des situations où l’autonomie persiste pour nombre d’actes simples, mais certains gestes réclament un appui ciblé. Préparer un repas, faire une toilette complète ou entretenir son espace de vie deviennent compliqués. L’aide intervient alors de façon ponctuelle, souvent sur des aspects pratiques ou logistiques, tout en laissant à la personne la main sur le déroulé de sa journée.

Grâce à la grille AGGIR, les réponses sont ajustées : fréquence des passages d’aide à domicile, choix d’un établissement, ou encore adaptation des interventions sociales. Cette frontière entre GIR 3 et GIR 4 n’est donc pas un détail : elle structure toute l’organisation de l’accompagnement et oriente les familles vers les dispositifs adaptés.

Choisir entre GIR 3 et GIR 4 lors d’une admission en EHPAD : ce qu’il faut savoir

L’entrée en EHPAD repose sur une évaluation minutieuse du niveau GIR. Ce classement, établi grâce à la grille AGGIR, conditionne à la fois l’organisation des soins dans l’établissement et le montant du tarif dépendance.

Avant toute admission, l’équipe médico-sociale, sous la supervision du médecin coordonnateur, dresse un bilan précis de l’autonomie de la personne âgée. Ce regard croisé porte sur la capacité à effectuer seule les actes essentiels du quotidien : se laver, s’habiller, se déplacer dans la chambre ou les parties communes.

On distingue alors deux profils, qui orientent l’accompagnement proposé :

  • GIR 3 : besoin d’aide active, régulière et rapprochée pour les soins corporels et la mobilité. Les auxiliaires de vie interviennent à plusieurs moments-clés de la journée, notamment pour garantir la sécurité et l’hygiène.
  • GIR 4 : autonomie partielle, avec une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas, ou l’organisation du quotidien. Le soutien s’adapte à des besoins plus ciblés, souvent liés à l’organisation ou à la prévention des risques.

Le niveau GIR retenu à l’entrée en EHPAD influence directement le montant de l’APA en établissement. Sur la base de l’évaluation AGGIR, le conseil départemental établit un plan d’aide spécifique et module la prise en charge. Ce classement impacte aussi la facturation : le tarif dépendance varie selon le niveau de perte d’autonomie reconnu.

Le passage du domicile à la vie collective suppose donc une évaluation fine, menée en lien avec le médecin traitant et l’équipe de l’établissement. La réévaluation régulière du niveau d’autonomie permet d’ajuster le projet de vie et les aides mobilisées, afin d’accompagner au mieux l’évolution de la situation.

Homme âgé avec femme dans un parc en automne

Comment le niveau GIR influence le calcul de l’APA et l’accompagnement en établissement

Le niveau GIR pèse directement sur le montant de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) en établissement. Ce classement, issu de la grille AGGIR, détermine le type d’accompagnement, la charge de travail pour les équipes, ainsi que la participation financière de la personne âgée.

Plus le GIR est bas, plus la dépendance est forte et plus l’APA prend le relais pour couvrir les besoins. Un résident en GIR 3 bénéficie ainsi d’un plan d’aide couvrant une assistance régulière pour les actes quotidiens et la surveillance. En GIR 4, l’autonomie relative limite l’intervention à des moments précis : aide à la toilette, préparation des repas, interventions ponctuelles.

Ce classement a des répercussions concrètes : il structure l’organisation interne de l’établissement, influe sur le quotidien des professionnels, et redéfinit le reste à charge pour les familles. Le tarif dépendance, fixé selon le niveau GIR, s’ajoute au tarif hébergement, modulant ainsi la facture finale.

L’évaluation du GIR s’effectue à l’admission, puis à intervalles réguliers, afin d’ajuster le plan d’aide personnalisé à l’évolution de la dépendance. Le conseil départemental, garant de l’équité, veille à ce que chaque accompagnement corresponde à la réalité du terrain et à l’évolution des besoins.

Entre GIR 3 et GIR 4, tout se joue dans le détail du quotidien et la capacité à conserver, ou non, une part de liberté dans ses gestes. Une nuance, parfois ténue sur le papier, mais qui change tout pour les personnes concernées et leurs proches.

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